Comme à l’accoutumée, les dépassements et les dérapages ont encore une fois marqué les débats à l’ARP. Sur fond d’instrumentalisation et de discours populistes qui frisent l’inimaginable que les députés font de la récupération sur la cause palestinienne. La criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste constitue aujourd’hui le sujet autour duquel toutes les lignes rouges ont été franchies, voire doublées.
Il n’est pas si simple de séparer le bon grain de l’ivraie, mais il est clair qu’à l’hémicycle, la plupart des sièges ne sont plus réservés aux députés qui font vraiment la part des choses. Quand ceux qui sont apparus accidentellement sur la scène politique trouvent l’opportunité inespérée de faire du surplace au point d’en perdre la face, il est du droit des Tunisiens et des Tunisiennes de douter du bien-fondé des arguments avancés et défendus ici et là. Eux qui n’ignorent plus qu’il y a des députés qui ne savent même pas quel rôle jouer et que d’autres veulent agir dans un environnement dans lequel ils n’ont pas réellement la vocation requise.
C’est devenu presque systématique : à chaque plénière, des interventions et des accrochages choquent autant qu’ils déçoivent. Il y a même des actes et des dérapages qui entrent dans les annales. Mais, ce qui est regrettable, c’est qu’il n’y a pas de vision ou d’approche alternative sur les sujets qui sont en rapport avec les besoins des Tunisiens, encore moins l’avenir du pays. Il n’y a pas non plus, ou presque, à l’hémicycle les acteurs qui ont une véritable expertise et un avis autorisé sur les sujets et les thèmes objet de discorde et de divergence. La pertinence et la justesse constituent une faiblesse avérée et attestée.
La logique de défection s’est imposée au Parlement en tant que défaillance à long terme. Au-delà des travers qui n’en finissent pas, au-delà des polémiques sensiblement assujetties des différentes parties prenantes, les travaux à l’ARP sont entrés dans une phase de décomposition, alors que les principaux acteurs s’amusent à se renvoyer l’ascenseur et à déformer la réalité. Plus que de paroles, le Parlement est aujourd’hui à la recherche d’actes, de programmes, de stratégie et d’alternatives à un moment où la scène politique à plus que jamais besoin d’accalmie et de quiétude face aux différents défis auxquels fait face le pays.
Il y a même des députés qui n’hésitent pas à adopter une certaine logique comme un supposé modèle institutionnel. Méconnaissance, déformation, ego ? En tout cas jamais le sens du devoir accompli. Ici et là, ils se laissent prendre par la tentation des altercations inutiles et sans issue. D’autant qu’ils sont dans l’incapacité de faire valoir une vision et une thèse défendables.
Ironie du sort : certains élus sont médiatisés plus qu’il n’en faut, alors que ceux qui militent dans les conditions qu’on connaît préfèrent la discrétion à la popularité et ne pensent pas aux prochaines élections. Il y en a qui sont omniprésents et interviennent souvent. Leur présence, ainsi que leur prise de position, sont devenues aujourd’hui indésirables à plus d’un titre. Encombrantes.